Dans son article Les psychologues sont libres, mais à quel prix? paru dans le journal 24heures daté du 30 juin dernier, apporte un éclairage sur la réforme de prise en charge des coûts d’un suivi psychothérapeutique dont la mise en place s’avère bien plus désordonnée et compliquée que certains patients pourraient le penser. Voici donc quelques éclaircissements.

Ce que nous savons depuis plusieurs mois, c’est qu’à compter du 01.07.2022, la psychothérapie peut être remboursée par l’assurance de base à condition qu’elle soit prescrite par un médecin. Ainsi, après des années de luttes, le modèle désuet et injuste de la délégation qui était en vigueur jusqu’ici est enfin remplacé par le modèle de la prescription. Malheureusement, il semble que certains acteurs de la santé, comme santésuisse, font tout pour mettre des bâtons dans les roues et freiner le bon déroulement de cette phase de transition, bloquant notamment les négociations sur les tarifs et la liste des prestations que les psychologues pourront facturer.

Ce n’est donc que la veille du passage au nouveau modèle, soit le 30 juin, que la canton de Vaud a accepté le tarif de consultation transitoire de CHF 154.80 de l’heure (mais qui a pu proposer un montant pareil !!?? Surtout que c’est encore 30 à 40% inférieur aux tarifs d’un psychiatre pour la même prestation). A ce sujet, vous pouvez lire l’article publié par la RTS Les séances de psychothérapie bientôt remboursées par l’assurance de base et écouter l’interview de Stephan Wenger, coprésident de la Fédération suisse des psychologues (FSP) dans La Matinale.

En tant que psychologue indépendant depuis plus de 20 ans, exerçant dans mon propre cabinet, ayant obtenu le droit de pratique du Canton de Vaud et répondu à toutes les exigences de la Fédération Suisse des Psychologues (FSP) pour obtenir après des années de formation, de pratique et de supervision le titre de psychologue clinicien spécialiste en psychothérapie FSP reconnu au niveau fédéral, je pensais que le changement de modèle ne serait pour moi qu’une formalité administrative. 

Pour ma part, depuis le début de ma pratique, mes prestations sont prises en charge par l’assurance complémentaire et tout va bien. A l’évidence, je risque, en passant sur le nouveau modèle, de travailler deux mois sans savoir quand et comment je serai payé. La façon dont est mise en place cette réforme est parfaitement scandaleuse, nous dit Vincent Ducommun.

Et Stephan Wenger partage cette position : “Si les tarifs sont trop bas, des confrères déjà indépendants (dont les prestations sont payées par les patients ou par les assurances complémentaires) ne vont pas changer de système. Ils facturent aujourd’hui leurs prestations entre 150 et 180 francs l’heure et ont assez de patients. Pour passer à l’assurance de base, il faut un incitatif.”

Quand bien même, nous sommes bons joueurs et avons entamé les démarches nécessaire car nous avons rapidement compris qu’entre l’assurance de base et l’assurance complémentaire, il ne suffirait pas d’envoyer simplement la même facture à notre patientèle et donc à l’assureur. Non, pour que nous puissions facturer les prestations à l’assurance de base, nous sommes soumis à des démarches administratives ubuesque, obligés de décrypter un charabia d’acronymes et de procédures dignes de la fameuse scène de la maison qui rend fou dans les 12 travaux d’Asterix ! Nous y sommes depuis le mois de mars et n’avons toujours pas réussi à obtenir notre “admission à pratiquer à charge de l’AOS pour psychologue-psychothérapeute” qui donne ensuite le droit d’obtenir un “numéro RCC” qui doit obligatoirement figurer sur chaque facture adressée aux patients ou aux assureurs. Sans parler des frais ni du délai de 10 semaines déjà annoncé pour traiter notre demande, à condition, de nouveau, que le dossier soit complet ! Il vous manquerait pas le laisser-passer A38 ?

Aller juste pour le plaisir !